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Quelques expériences sur le terrain ....

Votre expérience nous intéresse

> Vincent Obaton, professeur de mathématiques au collège Côte-Rousse de Chambéry en Savoie <

Email : obaton@ecomaths.net
Adresse de sites personnels :

http://www.ecomaths.net ( Le site que vous êtes en train de visiter )
http://www.evaluer.net ( Le site qui permet de gérer ses évaluations et ses grilles en ligne )
http://www.logicielsscolaire.net ( Site de mes logiciels personnels )
http://www.acasea.org ( Un site d'une association humanitaire )
Mon Collège ( Le site du collège Côte-Rousse de Chambéry en Savoie )
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Depuis longtemps je trouvais que le système classique d'évaluation et de notation n'encourageait pas les élèves et même les traumatisait. Lorsque je rendais un 5/20, non seulement cette note n'apportait aucune indication intéressante mais en plus elle démoralisait l'élève et ne l'encourageait pas à progresser. De plus très rarement ce système prenait en compte les progressions des élèves et le 5/20 restait indéfiniment toute l'année sans pouvoir revenir dessus.

Il y a trois points que je voulais donc changer :

  • L'évaluation doit être un indicateur et un conseil et ne doit pas être une sanction. Elle doit donner le chemin de la progression et indiquer comment et sur quoi progresser. Elle ne doit pas prendre en compte une connaissance ou une non connaissance seulement au moment x mais tout le temps et toute l'année. Un élève qui n'a pas réussi un savoir-faire le jour x doit avoir la possibilité de progresser et de pouvoir prendre en compte cette progression à l'instant x + n. Il est important que l'élève ait acquis une notion dans l'année scolaire mais pas forcement au premier trimestre. S'il faut deux trimestres pour l'acquérir alors il ne faut pas le sanctionner pour ça. Par contre à la fin de l'année il doit avoir acquis ce qui doit être acquis pour passer dans la classe supérieure.

  • La note n'apporte rien d'intéressant pour l'élève et pour qu'il puisse se comparer à lui même par rapport à ses acquisitions et ses régressions. La note donne seulement une indication sur sa place par rapport aux autres et n'indique rien de précis sur soi. Il faut qu'un élève sache exactement ce qu'il sait faire et ce qu'il ne sait pas faire lorsqu'on lui rend une évaluation. Qu'il ait 5/20 n'est pas vraiment très intéressant. Je pense qu'un élève dans la plupart des cas, doit être évalué sur ses propres connaissances par rapport au programme et quelque soit les connaissances des autres dans la classe. Il doit progresser par rapport à ses propres difficultés.

  • Comment apporter autre chose que les séances de soutien classiques que l'on met en place avec toujours les mêmes élèves ( en difficultés ) et qui permettent de remédier aux difficultés ponctuelles dans le programme ou dans le temps.
  • Pour pouvoir progresser sur ces trois points, il fallait mettre en place un système très précis d'évaluation qui permet aux élèves, aux parents, aux profs et aux intervenants d'indiquer à quel moment et pour quelles raisons un élève a des difficultés. Il fallait aussi un système qui puisse remplacer la notation actuelle en étant très rigoureux et avec plus d'indicateurs.
    En discutant avec un Instituteur de la SEGPA de mon collège je me suis aperçu qu'il était déjà dans un tel système et que ces préoccupations étaient légitimes et non isolées. J'ai travaillé avec un des instituteurs ( Christian Lemoigne ) de maths à la construction d'un livret de suivi pédagogique pour la classe de sixième.
    On a listé tous les savoirs et les savoir-faire qu'un élève doit avoir réussi et compris à la fin de la sixième. Ensuite nous nous sommes inspirés d'une notation du primaire qui utilise des couleurs et des codes de Michel Vauquois un enseignant qui travaille sur l'évaluation depuis longtemps.

    Vert Vert : Le jour de l'évaluation l'élève a largement atteint l'objectif fixé.
    Vert : Lors de l'évaluation l'élève a atteint l'objectif malgré une maîtrise imparfaite
    Orange
    : Lors de l'évaluation l'élève n'a pas atteint l'objectif mais n'en est pas très loin.
    Rouge
    : Lors de l'évaluation l'élève n'a pas du tout atteint l'objectif fixé.
    Bleu : Lors qu'un élève est absent ou qu'il n'a pas donné de réponse.

    Pourquoi utiliser des couleurs et ne pas utiliser des lettres comme ( R pour réussite, ENR pour en cours de réussite et NR pour non réussite ) ? Parce que c'est facilement et rapidement lisible par rapport aux lettres et c'est la seule raison. Si vous avez des daltoniens dans vos classe alors vous pouvez toujours coder autrement.
    Nous n'avons pas poursuivi notre travail en commun et je le regrette vraiment car les instituteurs de SEGPA ont beaucoup à nous apprendre sur plusieurs sujets.

  • Après avoir fait ce livret de suivi, j'ai construit au fur et à mesure les évaluations correspondantes à chaque savoir et savoir-faire listés. J'ai fait le même travail pour les autres classes de collège. Un livret pour chacune des classes et des évaluations mono-objectif et bilan.

Au début de chaque année, je distribue un livret de suivi pédagogique à chaque élève et j'en garde un exemplaire pour chacun d'eux. Mais je peux aussi leur faire coller la grille correspondant à un seule chapitre sur leur cahier de leçon et en dessous du titre.

Au cours de chaque chapitre, je leur donne à faire des évaluations mono-objectifs pour mettre en évidence les points précis qui leur posent des problèmes ou qui ne leur en posent pas. Puis, je corrige en leur indiquant par des couleurs ce qu'ils n'ont pas réussi et ce qu'ils ont réussi ( et aussi les absences et les non réponses ).

Après ces évaluations, 
- Soit: on corrige tout en classe entière en ré expliquant lorsque la majorité des élèves n'a pas réussi
- Soit j'utilise des heures de soutien, d'aide individualisée ou de remédiation  pour retravailler  les points incompris lorsque quelques élèves n'ont pas réussi.

Et là, je manque de temps pour remédier à leurs difficultés. Aussi, faut-il  qu'ils retravaillent seuls les points non réussis. Ce qui est intéressant c'est justement cette phase où l'on essaye avec l'élève de comprendre le chemin mental qui l'a ammené à l'erreur et de voir comment rectifier ......

Après chaque évaluation, ils reportent leurs couleurs sur le livret de suivi ce qui leur permet d'avoir toujours sur eux le bilan de leurs connaissances. Quant à leurs  parents, ils ont de ce fait une photographie rapide des réussites et non réussites de leurs enfants tandis que les intervenants  ( profs de soutien, aides éducateurs, intervenants en études dirigées ) peuvent cibler les actions à mettre en place. 

Je reporte aussi à chaque fois leurs résultats sur mes livrets de suivi pour pouvoir mettre en place facilement les groupes de besoins. A la fin de chaque chapitre, je les préviens une semaine en avance qu'ils vont avoir une évaluation bilan et je leur indique sur quoi elle portera. Ils doivent donc à l'aide des indications données par les évaluations mono-objectifs préparer leur évaluation bilan. Cette évaluation bilan ne porte pas que sur les savoirs et savoir-faire abordés sur le chapitre mais aussi sur les savoirs et savoir-faire précédemment évalués dans les chapitres précédents.

Après cette évaluation, ils reportent aussi les couleurs sur leur livret de suivi ce qui leur permet de constater leurs progrès ou leur régression par rapport aux précédentes évaluations. A la fin du premier trimestre, je calcule le pourcentage de réussite de chacun des élèves. Je considère qu'un savoir ou un savoir-faire peut-être comptabilisé comme réussi dans les cas suivants :

Vert
/ Vert / Vert : Réussite
Orange / Vert / Vert
: Réussite
Rouge / Vert / Vert
: Réussite
Vert / Rouge / Vert :
A apprécier par le prof
Vert / Vert / Rouge :
A apprécier par le prof
Rouge / Rouge / Vert
: Non réussite
Rouge / Vert / Rouge
: Non réussite
Vert / Rouge / Rouge
: Non réussite
Abs / Vert / Rouge
: A voir plus tard

Je considère qu'un élève doit avoir au moins entre 60 et 65 % de réussite pour pouvoir suivre sans trop de difficultés le classe suivante. Je donne donc la note de 10/20 aux élèves qui ont entre 60 % et 65 % de réussite puisqu'il faut que j'inscrive une note sur le bulletin et que le logiciel informatique GEP ne prend pas en compte les pourcentages. 

A la fin du deuxième trimestre, je calcule le pourcentage de réussite depuis le début de l'année et à la fin du troisième trimestre, je calcule le pourcentage de réussite aussi depuis le début de l'année.

A tout moment de l'année, les élèves peuvent demander à être de nouveau évalués sur un point qu'ils auraient retravaillé. Dans ce cas, il me donne un papier avec les 3 ou 4 codes à rattraper et je leur prépare une évaluation personnelle qu'ils passeront lors d'une heure d'aide. Ils doivent juste attendre d'avoir au moins trois couleurs sur un savoir ou un savoir-faire pour pouvoir demander à être réévalués. Ils peuvent le demander sur des choses récentes mais aussi sur des choses qu'on a abordées en début d'année.

Le but est de leur permettre à tout moment de progresser et de prendre en compte dans les résultats cette progression. Par exemple, il est important qu'ils sachent utiliser le théorème de Pythagore à la fin de l'année de quatrième mais rien ne les oblige à le savoir au moment où le prof le décide. Par contre, ils ne peuvent pas tout rattraper à la fin de l'année et ils doivent donc s'organiser.

Le plus grand problème que je rencontre est le peu de temps que l'on a avec les élèves. Il m'en faut, en effet,  beaucoup pour évaluer, pour relever les résultats et discuter avec chacun d'eux  individuellement.

Il m'en faut surtout beaucoup pour pouvoir remédier à leurs difficultés.

Amicalement

Vincent Obaton